du 8 décembre 2014 au 28 février 2015
TITRE : « Les Nouvelles Aventures Fantastiques de Roberto »
dans :
« Le Temps de vivre,
Le temps d’aimer »
30ième épisode
Roberto (Chapeau noir)
Le conteur
Miss Maryl
Le Comte de la Bouche-En-Biais
Sylvestre (L’hôtelier)
Victor Belleplume
Maria
Andrea
LIEU : L’action débute sur une petite barque au milieu de l’océan pacifique
GENRE : Comédie
AUTEUR : Emilien Casali
casali.emilien@wanadoo.fr
PROTECTION : SOCIETE DES AUTEURS COMPOSITEURS DRAMATIQUE
Tous mes remerciements aux élèves de Madame Lucie Bocu
Emanuel Negrea
PROLOGUE
Un grand nuage blanc envahit la scène...
LE CONTEUR, sort du nuage
"Il était une fois "Francophilbourg", capitale du beau pays enchanté "Francophilia", une république démocratique indépendante où l’on pouvait prendre le temps de vivre et de penser, située au cœur de la planète "Terranostra". Les habitants de Francophilia prétendaient qu'il n’existait point de désordres et de frontières entre les civilisations, et où tout le monde pouvaient s’y rendre sans passeport et sans visa. En ce temps-là, tout le monde était le bienvenu sur cette nouvelle terre promise inconnue sur la carte du monde. Francophilbourg filaient le parfait amour en nous offrant ses jardins sucrés de mystère et de volupté et où la jovialité venue des quatre vents allait bon train. Là-bas, tout le monde avait la possibilité d’échanger des mots doux sans crainte. Personne n’était étranger. Personne n’était jeune ou vieux. Tout le monde était frère et sœur. Personne n’était riche ou pauvre. Tous et toutes travaillent pour le plus grand bonheur de toute une communauté, main dans la main. Personne n’avait la prétention d’en savoir plus que l’autre. Là-bas, tout était question de partage fraternel et amical. Personne n’avait la prétention non plus de changer le monde, mais bel et bien de l’enrichir avec des valeurs communes. Francophilbourg était la capitale des temps nouveaux, un haut lieu d’amitié et de solidarité. Il n'y avait pas de privilégiés dans le beau pays de Francophilia, tout le monde était logé à la même enseigne. Aucunes frontières ne séparaient les individus bienfaiteurs de l’humanité. La paix et l’harmonie régnaient tout comme l’égalité. Là-bas, on pouvait aller et venir à sa guise sans devoir se justifier auprès des autorités de son pays ou de quiconque, pas même de son employeur. Tout le monde était est libre ! L’argent n’existait pas dans les rapports entre les gens. Les signes extérieurs de richesse non plus. Il n’y avait pas de supérieur ou d’inférieur hiérarchique social. Tout le monde contribuait à l’Edifice de la vie. Les seules richesses connues et tolérées s’appelaient richesses du cœur et de l’âme. Chaque individu était libre d’être lui-même. Les femmes étaient les égales de l’homme. Des valeurs sûres et universelles régissaient cette société miraculeuse sortie tout droit d’un conte de fée des "Lendemains qui chantent". Aucun homme n’exerçait des maltraitances à l’égard des enfants et des femmes. Tout le monde était respecté et protégé. Il n’y avait aucune caméra dans la capitale. C'est "l'unité" qui régissait ce beau pays. Point de rivalité en ce monde. Point de concurrence stérile. Point d'humiliation. Les enfants étaient perçus comme des étoiles indispensables à la douceur de vivre de Francophilia. Leur sourire était un pur joyau pour les adultes, lesquels ne leur faisant aucun mal. Il était permis à l’enfance de l’art de créer et de rêver. Tout le monde respectait les enfants et les personnes âgées et, quelque soit le milieu social. A Francophilia, les femmes étaient respectées pour leur liberté d’être et d’entreprendre, pour leur qualité d'esprit et leur talent. Les femmes étaient l’avenir des hommes à Francophilia. Les femmes avaient le même pouvoir que les hommes et l'exerçait avec générosité. Et quant bien même des individus exécrables cherchaient à ternir l’image de ce joli pays enchanté ou bien à semer la zizanie et la discorde entre les habitants, ils en étaient automatiquement chassés sans qu'on eût recours à la violence. L'évidence agissait d'elle même sur les intrus. Le chantage n’existait pas non plus. Bientôt, des professeurs francophones venus du monde entier se rendirent dans la capitale pour y déposer leurs bagages à « l’hôtel de la Fraternité », afin de savourer "enfin !" des instants de toute beauté comme une tranche de vie irréelle, un séjour de tout repos bien mérité, il va s’en dire. Un séjour magique et surprenant attendait nos hôtes. Tout au long du printemps et de l’été 2006 de cette année-là, nous fîmes connaissance poétiquement et chaleureusement avec des professeurs francophones de grands talents, toutes et tous amoureux de la vie, défenseurs des langues, de la liberté, de la citoyenneté et des belles causes humaines, francophiles convaincus, garant absolus de la paix à Terranostra !
LE CONTEUR, poursuit son récit
Bien des péripéties théâtrales romanesques et fantastiques allaient se dérouler sous nos tendres yeux ébahis. La vérité authentique était là ! Tandis qu’une page se refermait, une autre s’ouvrait sur un océan de bonheur et de douceur. Nous prenions Le temps de vivre… nous laissions pour toujours une trace indélébile aux enfants du futur. Les surprises ne manquaient pas dans les Aventures Fantastiques de Roberto en ce temps-là. Un jour, Roberto se rendit là-bas et ce fut pour lui l’occasion rêvée de retrouver ses amis du début avec qui il avait partagé de belles et nobles émotions depuis de nombreux mois par le biais d’internet... Naturellement, certains professeurs avaient quitté le cyber navire en cours de route, mais fort heureusement l’histoire continuait pour les autres professeurs francophones « par delà et là pour » pour le meilleur et pour en rire ! L’histoire que je vais vous conter à présent commença au milieu de l’océan pacifique de cette année-là... » (Le conteur disparaît dans le nuage)
FIN DU PROLOGUE
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ACTE 1 / SCENE 1
LE COMTE, ROBERTO, MISS MARYL
Le nuage blanc se dissipe peu à peu...
A présent, l’action se déroule quelque part au beau milieu des flots dans l’océan pacifique… une petite barque flotte sur une mer calme avec à son bord Roberto et Monsieur le Comte de la Bouche-En-Biais, ce dernier vêtu de son inséparable peignoir marron, contemple avec inquiétude l’horizon, sa canne à la main
LE COMTE, debout sur la barque
Je n’aperçois aucune terre à l’horizon ! Non d’une pipe ! Que suis-je
venu faire dans cette galère ? Répondez-moi !!!
ROBERTO (Chapeau noir), assis dans une barque
Restez cool, Monsieur le Comte ! Dans la vie, tout s’arrange, même mal !
LE COMTE, le menace avec sa canne
Tout cela est de votre faute, Roberto ! Ce n’est pas l’envie qui me manque de vous botter les fesses !
ROBERTO (Chapeau noir)
Je ne suis pas responsable du naufrage de la goélette ou de toutes les misères du monde, mon vieux. Je regrette…
LE COMTE
Qui d’autre, dans ce cas ?... et puis d’abord, je n’ai jamais demandé à figurer au générique de cette odyssée sans fin qui, au grand regret de tous les internautes, a fini en catastrophe au beau milieu de l’océan pacifique.
ROBERTO (Chapeau noir)
Vous exagérez ! L’odyssée de la Salamandre fut l’occasion de retrouvailles sensationnelles !
LE COMTE
Pour vous ! Et non pour moi !
ROBERTO (Chapeau noir)
Mes amis sont vos amis. C’est bien reconnu ! Bien entendu, tout le monde fut appelé mais peu furent élu !
LE COMTE
Vous êtes agaçant, Roberto. Les gens n’arrivent pas à vous comprendre.
ROBERTO (Chapeau noir)
Seront-ils à mon chevet lorsque sonnera l’heure de mon dernier souffle ? J’en doute !? Laissez-les donc me toiser !
LE COMTE
Il n’empêche que j’aurai pu m’en passer de vos soit disant amis, voyez-vous. J’étais très bien à bord de la montgolfière de Benoît Picardi. L’aventure au gré du vent me procurait de belles sensations fortes dans les airs… hélas, au beau milieu de ce rêve d’azur, d’azur, d’azur, il a fallu que mes coéquipiers et moi nous écrasions en catastrophe sur le pont de la Salamandre et que je tombe nez à nez avec vous ! Suis-je damné ?
ROBERTO (Chapeau noir)
Est-ce ma faute si l’ouragan Miguelito se trouvait sur notre trajectoire la nuit dernière ?
LE COMTE
Comme quoi, rien n’est acquis dans la vie ! Alors que nous étions sensés filer tout droit vers de belles aventures sur les flots enchantés dans le luxe, le calme et la volupté, il a fallu que Miguelito surgissent à l’improviste et balaye d’un revers de manche mes rêves les plus chers… au moment où la vie, pour moi, commençait à prendre un sens… au moment où le soleil resplendissait dans mon être… Dieu du ciel ! Pourquoi t’acharnes-tu toujours sur moi ? Est-ce ainsi que les hommes doivent vivre ?
FIN DE LA SCENE 1
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ACTE 1 / SCENE 2
ROBERTO (Chapeau noir)
Cessez de vous lamenter autant, Comte ! Prenez patience ! D’ici quelques heures, quelqu’un se portera à notre secours.
LE COMTE
Oh, my god ! Que vais-je devenir ?... Moi qui rêvais d’atteindre la terre promise et goutter enfin aux joies de la quintessence suprême, tant absolue qu’intense.
ROBERTO (Chapeau noir)
Le printemps a pleuré gris !
LE COMTE
Ô, Seigneur ! Prends pitié de ma longue misère !
ROBERTO (Chapeau noir)
Vous n’êtes pas seul, Christophe Rodolphe et j’en passe… je suis là !
LE COMTE
Sans rames, où voulez-vous donc allé ? Vous voyez bien que nous stagnons à la même place depuis Mathusalem.
ROBERTO (Chapeau noir)
L’important est de rester vivant.
LE COMTE
Tu parles ! Je ne me suis jamais senti aussi seul dans toute ma vie.
ROBERTO (Chapeau noir)
Il n’empêche que vous aurez connu une fin de vie heureuse.
LE COMTE
Ne parlez pas comme si j’étais déjà mort, voyons ! (Un temps) Pensez-vous vraiment que c’est la fin des haricots, Roberto ?
ROBERTO (Chapeau noir)
Une chose est certaine, Monsieur le Comte, vous aurez eu la chance de vivre vos derniers instants sur terre avec des personnes d’exception. Croyez bien que tout le monde n’a pas votre chance. Mieux vaut finir ses jours dans un bain d’algues moussant au milieu de nulle part que dans un hospice pour réfugiés grabataires. D’un coté, le silence harmonieux vous accompagne jusqu’à votre dernier souffle sans que quiconque vous juge, et de l’autre, des infirmières qui, à votre chevet, vous prie jour et nuit de débarrasser le plancher pour pouvoir passer au suivant.
FIN DE LA SCENE 2
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ACTE 1 / SCENE 3
LE COMTE
Dieu du ciel ! Tout ceci n’est guère enthousiasmant.
ROBERTO (Chapeau noir)
Parfois, je comprends les marins !
LE COMTE
Vous parliez de personnes d’exception ?
ROBERTO (Chapeau noir)
Je faisais allusion à Monsieur Sylvestre ?
LE COMTE, s’agenouille
Un conseil : n’évoquez plus jamais le prénom de cette andouille ! Que Dieu ait son âme !
ROBERTO (Chapeau noir)
Miss Maryl était déchaînée à l’idée de vous retrouver.
LE COMTE
Cette femme est à bannir de ma mémoire à tout jamais. Son féminisme m’irrite. Elle aussi a rendu l’âme cette nuit !
ROBERTO (Chapeau noir)
Honoré Boncoeur me disait encore l’autre soir qu’il avait passé d’agréables moments en votre compagnie…
LE COMTE
Lui aussi a disparu dans le naufrage… bon débarras !
ROBERTO (Chapeau noir)
Quant à moi, j’avoue avoir savouré des instants comme une tranche de vie irréelle à vos
cotés.
LE COMTE
Je ne veux plus entendre parlez de vous non plus, Roberto ! Je vous maudis !
ROBERTO (Chapeau noir)
Dans ce cas, que faisons-nous ? Vous avez une idée ?
LE COMTE
C’est vous qui m’avez fourré dans ce pétrin, c’est donc vous qui m’en sortirai.
ROBERTO (Chapeau noir)
Il ne nous reste plus qu’à prier.
LE COMTE
L’espoir fait vivre ! A d’autres !
ROBERTO (Chapeau noir)
Sait-on jamais…
LE COMTE
Nom d’une pipe ! Pourquoi le sort s’acharne-t-il toujours sur moi ?
MISS MARYL, surgit au même instant à la nage, agrippé à un mat flottant
Vous feriez bien de m’aider, Monsieur le Comte, au lieu de ronchonner autant !
LE COMTE, qui ne l’a remarque pas
Je ne ronchonne pas, je m’attriste sur mon sort.
FIN DE LA SCENE 3
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ACTE 1 / SCENE 4
MISS MARYL, LE COMTE, LA VOIX DE VICTOR BELLEPLUME, ROBERTO (Chapeau noir)
MISS MARYL
Ulysse aurait-il perdu de sa superbe ?
LE COMTE
Ulysse a perdu le goût du miel !
MISS MARYL, lui tend la main
Votre main, je vous prie !
LE COMTE
Non merci.
MISS MARYL, s’agrippe au bas de son peignoir
Ressaisis-toi, chochotte ! Ta main pourrait m’être d’un grand secours.
LE COMTE
Please, don’t touch me, phantom !
MISS MARYL, agrippée au bas de son peignoir
Excuse me, Mister, but i am en danger, Comprendo ?
LE COMTE
I don’t understand, sorry ! (Puis il s’écrie) Dieu du ciel ! Voyez ce que je vois, Roberto ! Un fantôme qui a bu la tasse ! Le destin continuerait-il de s’acharner sur moi ? Le tumulte des océans aurait-il brandi sa fourche ténébreuse ! (Il repousse Miss Maryl à l’aide de sa canne, agrippée à son peignoir) Lâche mon peignoir, Satanas, tu vas le froisser.
MISS MARYL, repoussée dans l’eau avec la canne
Les mains de Monsieur le Comte refusent de se tendre… N’y-a-t-il donc que Boudu qui fut sauvé des eaux ?
LE COMTE, contemple ses mains
Mes mains, mes douces mains n’expieront jamais mes pêchés. Quant à mes doigts, je ne les utilise en général que pour compter…. compter… compter...
MISS MARYL
Lorsque tu auras fini de compter tes soucis, chochotte, daigneras-tu ouvrir tes yeux sur ton devoir d’assistance… il y a urgence.
LE COMTE
Ne comptez pas sur moi pour remettre de l’ordre sur Terre… Mes mains n’ont d’yeux que pour ma bourse pleine.
MISS MARYL
Tu t’assècheras tôt ou tard. Les Dieux ne laissent guère de répit à celui qui se montre égoïste en ce bas monde. L’épée de Damoclès te transpercera !
LE COMTE
Doux Seigneur ! Donne-moi la force de résister à l’ivresse des océans. Donne-moi la force de résister aux paroles de la sirène.
ROBERTO (Chapeau noir)
La mer nous renverrait-elle les fantômes du naufrage de cette nuit ?
LE COMTE
Mauvais présage ! Bon sang ! Que vais-je devenir ? Je suis fini !
MISS MARYL, tend la main
Donne-moi ta main, Ulysse, après quoi je t’absoudrais de tous tes pêchés.
LE COMTE, lui tourne le dos
Non merci, fantôme ! Tel un roseau, je me courbe mais ne romps jamais. Hélas, je ne suis plus adepte du baisemain et du rince doigt. Plutôt mourir de solitude que d’expier mes fautes dans un hospice ! Je ne veux pas finir mes vieux jours dans un hospice ! Que nenni ! Mon âme n’est pas à vendre ! Le salut viendra d’Olympe s’il doit venir ! Foutre ! Je n’ai que faire des bonnes paroles d’un fantôme tout mouillé !
MISS MARYL
La galanterie vous étouffe à ce point là, mon ami ?
LE COMTE
Charité bien ordonnée commence par soi-même, Madame !
MISS MARYL, tend la main à Roberto
Votre main, Roberto ! Un méchant requin me tourne autour !
ROBERTO (Chapeau noir)
Qui que tu sois, revenante, et quoi que tu veuilles, je te préviens…
FIN DE LA SCENE 4
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ACTE 1 / SCENE 5
MISS MARYL, grimpe rapidement dans la barque
C’est bien ce que je disais : la galanterie se perd de nos jours !
LE COMTE
Le fantôme a mis pieds dans la barque, Roberto. (Il menace Miss Maryl avec son bâton) Fiche le camp d’ici, fantôme de mes jours sombres ! Que les vents de Sparte t’emportent ! (Il trébuche et tombe à l’eau)
MISS MARYL
Voilà qui t’apprendra à ne pas tendre ta main aux plus offrants.
ROBERTO (Chapeau noir)
Est-ce vraiment vous, Miss Maryl ?
MISS MARYL, se parlant à elle-même
L’homme aurait-il perdu ses bonnes manières d’autrefois ?…bien qu’il sache encore en user de nos jours envers la femme. Mais n’est-ce pas dans le but de convoiter celle-ci par ma foi ? Une fois que l’homme a obtenu ce qu’il voulait, de surcroît, ses bonnes manières disparaissent aussitôt. Les hommes sont trop pressés de prendre femme pour amante.
ROBERTO
Vous divaguer, très chère.
MISS MARYL
Je ne suis la seule à avoir perdu la boule ?
ROBERTO
J’ai cru que je vous avais perdu à tout jamais, Miss Maryl.
MISS MARYL
On ne quitte jamais un navire en pleine mer sans sa bouée de sauvetage.
ROBERTO (Chapeau noir)
Hélas, il n’y avait point de gilet de sauvetage à bord de la goélette.
MISS MARYL
C’est pourquoi je me suis agrippée au mât.
LE COMTE, surgit hors de l’eau
Un requin m’attaque ! Sortez-moi de l’eau !
LA VOIX DE VICTOR BELLEPLUME
Le requin blanc raffole de la chair fraîche, Monsieur le Comte !
LE COMTE
Qui va là ? Déclinez votre matricule ! Parbleu ! Serais-je devenu fou à liée ?
MISS MARYL
Vous voilà bon pour l’hospice, Monsieur le Comte.
LE COMTE
Plutôt mourir dans la gueule d’un requin !
ROBERTO (Chapeau noir), tend la main au comte
Prenez ma main, Monsieur le Comte !
LE COMTE, grimpe dans la barque rapidement aidé par Roberto
Ouf ! Me voilà sauvé des eaux !
Soudain apparaît Victor Belleplume dans une barque dans laquelle est placée un chevalet sur lequel repose une grande toile bleue.
FIN DE LA SCENE 5
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ACTE 1 / SCENE 6
LE COMTE, ROBERTO, MISS MARYL, VICTOR BELLEPLUME
VICTOR BELLEPLUME, se tient debout à coté du chevalet qui flotte sur l’eau
Seriez-vous partant pour regagner la terre ferme, mes amis ?
LE COMTE
Hors de ma vue, fantôme !
VICTOR BELLEPLUME
A votre place, je m’inquiéterais, Monsieur le comte. Un banc de requins affamés se prépare à charger votre barque. Je le vois venir au loin… il n’est plus qu’à quelques noeuds d’ici…
ROBERTO (Chapeau noir)
Victor Belleplume, notre sauveur ! J’en reste bouche bé !
VICTOR BELLEPLUME
Préparez-vous à décollez d’ici, messieurs dames ! Changement de décor !
LE COMTE, moleste Roberto
Puis-je savoir où ce môme compte nous entraîner, Roberto ? Je n’ai guère
l’habitude de suivre un inconnu dans la rue.
ROBERTO (Chapeau noir)
Le moment est venu pour nous de tourner la page, Monsieur le Comte de la Bouche-en-Biais.
LE COMTE
Vous êtes un fou, Roberto ! J’ai toujours su que vous étiez un fou ! Et je ne
pense pas être le seul à le penser ?
ROBERTO
Fou, non ! Lucide, oui ! J’aime la vie tout simplement.
Contre vents et marrées, je m’accroche toujours à la proue de ma bonne étoile. Lorsque j’étais petit, mon père me disait toujours : « Après nous, les mouches ! » Comprenne qui pourra ?
LE COMTE
Ou bien la cendre !
ROBERTO (Chapeau noir)
C’est selon, j’en conviens ! Je n’ai hélas guère le temps de me pencher sur cette question ?
MISS MARYL, trépigne sur place
Il y a urgence, Monsieur le Comte. A moins que Monsieur le Comte préfère rester ici pour tenir compagnie aux requins ?
LE COMTE
Partons sur le champ ! Ils m’ont suffisamment plumé dans le passé ! En ce temps là, je n’abordais pas encore la phase des
illusions perdues… en ce temps là, je brillais dans la société…
ROBERTO (Chapeau noir)
Vous nous raconterez votre vie une autre fois.
LE COMTE
Une chose est sûre, en ce temps là tout le monde m’aimait, m’admirait, m’adulait, m’enviait… j’étais surtout un beau parti, le plus intelligent de tous les hommes depuis Crésus, disait-on. J’étais la trouvaille des paparazzis. Les femmes en quête de sécurité matérielle s’arrachaient ma vertu. J’étais un portefeuille sur pattes ! Il y avait toujours quelqu’un pour me faire dépenser mon argent. La liberté avait un prix à mes yeux. J’achetais à tour de bras, ne sachant le plus souvent que faire de cet argent qui coulait à flot grâce au travail remarquable de mon humble banquier canaillou qui ressemblait à un vrai petit saint. A coté de lui, un vieux sage en pleine méditation faisait figure d’un malhonnête homme. Mon banquier me considérait comme la réincarnation de Toutankhamon. Aussitôt franchi la porte de son bureau qu’il me faisait toute sorte de propositions concernant des placements financiers juteux et fructueux. Mon banquier faisait travailler mon argent avec la soif acharnée d’un chercheur d’or toujours à l’affût de la moindre pépite. J’ai fini par l’appeler Davy Crockett : « dans la piaule à Crockett, j’en ai fait des promenades de santé. Lorsque j’y repense aujourd’hui, sur ma barque, déchu, je m’ennuie. » Davy Crockett me faisait parfois penser à un croupier de casino qui vous demande sans cesse de miser, toujours miser sur le bon cheval. Sans compter cette femme qui m’a ruiné. « Ô triste, triste était mon âme, à cause, à cause d’une femme… »
ROBERTO (Chapeau noir)
Le bourgeois gentilhomme en a eu pour ses frais.
LE COMTE
Les requins l’ont sucé jusqu’à la moelle.
FIN DE LA SCENE 6
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EPILOGUE
LE COMTE, ROBERTO, MISS MARYL, VICTOR BELLEPLUME, MARIA et ANDREA (Métamorphosées en papillon arc-en-ciel)
VICTOR BELLEPLUME, se rapproche de la barque et fait un signe de la main en direction de la toile
Après vous, Monsieur le Comte !
LE COMTE
Je vous préviens, le môme, il n’est pas question pour moi de me rendre à l’autre bout de la galaxie comme l’autre fois.
VICTOR BELLEPLUME
Cela vous dirait-il de vous rendre à Francophilbourg ?
LE COMTE
Cela sonne comme un joli coin de campagne parsemé de jonquilles.
VICTOR BELLEPLUME
C’est une maison bleue adossée à la colline. Ceux qui vivent là-bas, ont jetez la clé.
LE COMTE
Il n’y a pas de lieux en paix sur terre. Mon banquier n’aime pas le paradis ! Il n’aime pas les gens libre ! Chaque jour, il s’arrange pour semer le désordre sur terre.
ROBERTO
Mettez-la donc en sourdine, Monsieur le Comte. Ce n’est pas bien de dire tout haut ce que l’on pense. On va vous juger ensuite. La liberté de parole n’existe plus de nos jours.
LE COMTE
L’argent rend libre !
ROBERTO (Chapeau noir)
Montherlant !
LE COMTE
Non, Charlie Chaplin dans « Le dictateur » !
ROBERTO
Je vous assure que ces évènements ont réellement existés.
LE COMTE
Je croyais que c’était du cinéma.
ROBERTO
Charlot avait tout compris. Il serait grand temps que vous retrouviez votre tête, Monsieur le Comte, vous jadis si beau. Je vous trouve bien laid à présent.
LE COMTE
Je suis comme l’albatros : mes ailes de géant m’ont abandonné ! Dieu ait pitié de mon âme !
MISS MARYL
On attend quoi pour se rendre à Francophilbourg, Messieurs ! Je compte sur vous, Monsieur le Comte, pour ranger votre langue dans la poche.
LE COMTE
L’argent rend libre !
ROBERTO
Monsieur le Comte a perdu la Foi.
LE COMTE, les larmes aux yeux
Et pourtant, pourtant, je fais des efforts pour me faire aimer du peuple !
MISS MARYL
Monsieur le Comte régresse depuis quelques temps. Le peuple va s’inquiéter.
LE COMTE, s’agenouille
Je fais le serment au peuple que je serai sage comme une image à Francophilbourg.
VICTOR BELLEPLUME
Francophilbourg est la capitale de Francophia, un havre de paix situé quelque
part sur la planète Terranostra.
LE COMTE
La paix ! J’ai horreur de la paix ! Je vous préviens, jeune homme, s’il s’agit d’un
poisson d’avril, ne comptez pas sur moi pour vous suivre.
VICTOR BELLEPLUME
Le banc de requins est en train de nous charger.
MISS MARYL, pousse le Comte contre la toile
Bouge de là, chochotte, on n’a pas que cela à faire !
LE COMTE, traverse la toile et disparaît
Sauve qui peut, les amis ! Davy Crockett et compagnie vont s’acharner sur moi !
ROBERTO (Chapeau noir)
Cet homme est très affaibli psychologiquement.
MISS MARYL
Il a perdu la boule, c’est bien ce que je disais. Je me demande s’il aime les enfants pour parler aussi grossièrement de l’humanité ? (Elle pousse Roberto contre la toile du tableau) Allons-y ! Vos amis vous attendent à Francophilbourg.
ROBERTO (Chapeau noir)
Qui cela ?
MISS MARYL
La question est de savoir s’ils seront tous là pour l’heureuse surprise ? Car
vous êtes bien sensé leur faire une grande surprise, n’est-ce pas, Roberto ?
Roberto et Miss Maryl traversent la toile et disparaissent à leur tour.
MARIA, surgit sous les traits d’un papillon couleur arc-en-ciel
Dis donc, mon mignon, sais-tu où est allé le baladin ?
ANDREA, surgit à son tour, également sous les traits d’un papillon couleur arc-en-ciel
Nous avons quelque chose d’important à lui remettre.
VICTOR BELLEPLUME
Voilà plusieurs jours que vous lui courrez après, les filles. Ses compagnons et lui viennent de partir à l’instant.
MARIA
A la nage ?
VICTOR BELLEPLUME, les pousse toute les deux dans la toile
Par ici la musique, les filles !
Victor traverse à son tour la toile laquelle disparaît du même coup comme par l’effet d’une baguette magique
FIN L’EPILOGUE
FIN DU 30ième EPISODE